Une séquence diplomatique d’une semaine vient de s’achever avec respectivement les sommets de l’OTAN, du G7 et la visite de Vladimir Poutine en France.
Les premiers pas d’Emmanuel Macron étaient très attendus sur la scène internationale. D’une part, parce que c’est un nouveau venu ; d’autre part parce qu’il est très jeune – 39 ans – et que, hormis ses deux années en tant que sherpa de François Hollande, il n’a que peu d’expérience internationale. Cette curiosité s’explique également par le statut de la France, considérée comme un pays à part. Elle n’est bien sûr pas une superpuissance mais elle compte toujours de façon autonome et importante sur la scène internationale. Ainsi, un nouveau président français est davantage suivi que ses homologues étrangers. De l’avis général, aussi bien de la presse française – généralement favorable à E. Macron – mais également de la presse internationale – plutôt critique envers les responsables français -, ses premiers pas ont été une réussite.
La première image que l’on retiendra du sommet de l’OTAN est celle de la poignée de main entre Donald Trump et E. Macron, qui s’apparentait plutôt à un véritable bras de fer. Le président des États-Unis a semblé vouloir s’imposer, à la façon d’un vieux mâle dominant face à son jeune congénère. E. Macron a relevé le défi. Cette poignée de main n’est donc pas anodine mais symbolise la relation à venir entre la France et les États-Unis : la première est prête à coopérer avec les seconds, sans devenir pour autant un vassal. Finalement, E. Macron qui s’est longtemps et souvent référé au gaullo-mitterrandisme au cours de la campagne électorale, l’a « incarné » à ce moment précis. Des explications sont certainement à venir avec le président américain, notamment sur la question du climat et/ou de l’avenir de l’accord sur le nucléaire iranien. E. Macron a semblé envoyer un signal aux Américains : il sera peut-être davantage tranchant que ses prédécesseurs, sans pour autant remettre en cause le caractère fondamental de l’alliance avec Washington. Un allié non aligné, autrement dit.
Le sommet du G7 a accueilli plusieurs nouveaux venus : outre D. Trump et E. Macron, il y avait la Première ministre, Theresa May, et le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni. Néanmoins, on peut dire que ce sommet était davantage un sommet 6+1 qu’un véritable G7. D. Trump y a en effet été isolé. Tout d’abord isolé physiquement puisqu’il n’a pas voulu – ou ses services de sécurité – dormir dans le même palace que ses six collègues et a donc séjourné au large des côtes de la Sicile. Ensuite, isolé par ses positions politiques sur la totalité des sujets, hormis le terrorisme. On a d’ailleurs remarqué qu’il n’avait même pas pris la peine d’écouter la traduction lorsque le président du Conseil italien concluait la séance. E. Macron, lui, a plutôt été l’objet de l’attention de tous les médias.
Ces réunions de l’OTAN et du G7 étaient des « figures imposées », rendues obligatoires par le calendrier. La visite de Vladimir Poutine en France était au contraire une « figure libre ». E. Macron aurait pu ne pas saisir l’opportunité offerte par l’inauguration de l’exposition sur Pierre le Grand et le 300e anniversaire de sa visite en France qui marque l’établissement de relations diplomatiques entre cette dernière et la Russie. Cette exposition était prévue de longue date, à une époque où personne n’imaginait E. Macron président. La rencontre avait de plus pour avantage de se tenir dans un lieu moins officiel que l’Élysée : au château de Versailles. Bien sûr, comme toujours dès qu’il est question de la Russie de Poutine, les médias et de nombreux intellectuels ont protesté contre la venue d’un « dictateur » sur le sol français. Là encore E. Macron s’est inscrit dans une ligne gaullo-mitterrandiste : lorsque le général de Gaulle réclamait la création d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural, l’Union soviétique de l’époque n’était pas une démocratie et était tenue d’une main encore plus ferme qu’aujourd’hui. Mais de Gaulle estimait, et Mitterrand l’a suivi, que la Russie était un intérêt stratégique pour la France. Cependant, qui dit diplomatie ne veut pas dire absence de fermeté. E. Macron, aussi bien sur le sort des homosexuels en Tchétchénie, que sur les médias russes Russia Today et Sputnik, ou encore sur la Syrie – où il a menacé de frappes en cas d’une nouvelle utilisation d’armes chimiques par Bachar Al-Assad – l’a prouvé.
Ainsi, autant avec D. Trump qu’avec V. Poutine, E. Macron s’est inscrit dans une politique gaullo-mitterrandiste. Ce sera néanmoins peut-être plus difficile pour lui lorsque le Proche-Orient sera en jeu, puisqu’il a annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas la Palestine de façon unilatérale. Il reprend ainsi le point de vue israélien en refusant de couper le lien franco-israélien pour pouvoir avancer sur le dossier. En réalité, en agissant de la sorte, il confère à Israël un levier sur la politique française, ce qu’ont toujours refusé le général de Gaulle et François Mitterrand.