Le cycle infernal, attentat/répression est en train de reprendre entre Israéliens et Palestiniens.
La répression de plus en plus brutale ne pourra pas éteindre la soif des Palestiniens à l’autonomie. Les attentats ne pourront pas y conduire. Ceux qui, après la signature des accords d’Abraham, estimaient que la question palestinienne était réglée sont démentis par les faits. C’est entre Palestiniens et Israéliens que la question sera réglée. Mais la perspective n’a jamais paru aussi lointaine et la solution à deux États à laquelle se raccroche de façon hypocrite la soi-disant « communauté internationale » est plus qu’en état de mort cérébrale. Elle est morte et enterrée.
L’assassin d’Itzhak Rabin qui voulait en le tuant, mettre fin au processus de paix, est parvenu à son objectif. Ceux qui l’ont soutenu sont désormais au pouvoir à Tel-Aviv.
Ce gouvernement de la droite dure et de l’extrême droite fascisante suscite une révolte de l’opinion publique en Israël, qui manifeste vigoureusement son opposition. Mais comment se fait-il que la démocratie israélienne, qui portait les espoirs de la gauche à sa création, ait pu subir une telle dérive ? Beaucoup d’Israéliens protestent contre le gouvernement, mais évacuent la question palestinienne. Or, l’occupation est largement responsable de cette dérive fascisante.
Vous ne pouvez pas durablement occuper un autre peuple, le réprimer, lui nier son identité et son droit à l’existence, sans développer un sentiment suprémaciste. L’occupé est nécessairement inférieur sinon l’occupation n’est pas légitime.
Ceux qui protestent contre les excès du gouvernement israélien ne peuvent ignorer ces racines et le silence de nombre d’entre eux face à l’occupation.
Ô combien le général de Gaulle, dans sa conférence de presse de 1967, avait été clairvoyant, en disant que l’occupation allait susciter une répression débouchant sur une contestation qui sera qualifiée de terrorisme.
Bien sûr, les Palestiniens ont leurs propres responsabilités, coincés entre les attentats du Hamas qui n’ont jamais produit d’effet politique d’un État palestinien, mais qui, au contraire, ont contribué à pulvériser le camp de la paix en Israël, et l’Autorité palestinienne sans la collaboration de laquelle l’occupation ne pourrait pas être aussi efficace qui a perdu toute légitimité a également des responsabilités énormes face à l’histoire et au peuple palestinien.
Les puissances extérieures, États-Unis, États arabes ou européens, qui font semblant de se raccrocher à une solution à deux États, dont chacun sait qu’elle est devenue impossible et qui se sont toujours tus face à la répression israélienne, ne peuvent pas aujourd’hui faire semblant de condamner la spirale de la violence. Leur lâcheté en est elle aussi responsable.
Jusqu’ici, l’occupation et la répression israéliennes étaient dans les faits acceptées par tous les protagonistes. Ce qui change, c’est l’arrivée au pouvoir à Tel-Aviv de ministres qui ne cachent même plus leur racisme. Il est devenu difficile de ne pas s’en rendre compte, alors qu’auparavant on pouvait faire semblant de l’ignorer. Mais il est surtout de plus en plus compliqué de condamner l’acquisition de territoire par la force lorsqu’il s’agit de la Russie et de l’Ukraine et de la prouver dans les faits lorsqu’il s’agit d’Israël et de la Palestine.
Après l’annexion de la Crimée, illégale au regard du droit international, mais acceptée par la population concernée, les Occidentaux ont pris en 2014 des sanctions contre la Russie. Après l’annexion de Jérusalem-Est par Israël contre la volonté de la population concernée qui du coup n’en a été que plus réprimée, les Occidentaux ont développé leurs relations avec Israël.
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