Interview de Pascal Boniface pour France info
C’est une décision exceptionnelle ?
C’est une décision rare, surtout avec un pays allié, mais pas exceptionnelle. Il y a déjà eu un rappel de l’ambassadeur en Italie lorsque le gouvernement italien avait eu des mots très durs sur la France, mais je ne crois pas qu’il y ait de précédent dans les relations de la France avec l’Australie ou les États-Unis. On rappelle l’ambassadeur lorsqu’on est dans un conflit assez important. Entre alliés, on ne se comporte pas ainsi. On peut être en concurrence commerciale, mais pas dans le dos une fois qu’un accord a été conclu. C’était la moindre des choses de rappeler ses ambassadeurs, même si ça ne va pas changer le cours des relations. C’est juste pour se sauver la face parce qu’on a été trahis.
Etes-vous surpris de cette continuité de la politique américaine ?
Non, dès le départ je disais que Joe Biden serait plus courtois et poli que Donald Trump mais que ce serait toujours « America first ». On voit bien encore une fois, déjà avec le retrait d’Afghanistan sans avertir les alliés, que le tropisme unilatéral des États-Unis reste important. Pour eux, nous ne sommes pas des alliés, nous sommes des vassaux.
Les relations entre les Etats-Unis et la France seront-elles perturbées par cet épisode ?
C’est à nous de choisir. En France, il y a une forte tendance à dire que nous avons besoin de l’allié américain. C’est vrai sur certains points, mais peut-être que cet épisode va contribuer à sortir de la naïveté. Quand on nous crache dessus, il ne faut pas dire qu’il pleut. Les Américains défendent leurs intérêts en pensant que nous ne pouvons rien faire parce que nous croyons que notre sécurité dépendrait d’eux. Il serait peut-être temps d’y réfléchir… Ils ont un tropisme qui date de la Seconde guerre mondiale et de la guerre froide.
Propos recueillis par France info.