Le 18 octobre 2017 s’est ouvert le 19e congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui va consacrer, pour les cinq ans à venir (date du prochain congrès), son secrétaire général, Xi Jinping.
Avec 89 millions de membres, le PCC représente une force sans aucun équivalent. La légitimité du pouvoir ne réside pourtant pas dans les œuvres de Marx ou de Mao, mais bien dans la réussite économique du pays. Depuis le virage pragmatique opéré par Deng Xiaoping au début des années 1970, 700 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté.
S’il fallait désigner aujourd’hui l’homme le plus puissant du monde, ce serait Xi Jinping. Certes, le PIB des États-Unis est encore nettement supérieur à celui de la Chine. Mais Donald Trump est empêtré dans une série de difficultés intérieures quand Xi Jinping a les mains entièrement libres. En effet, même avec 700 millions d’internautes, le PCC exerce toujours un contrôle étroit de la population et la Chine, à défaut d’être un État totalitaire comme au temps de Mao, demeure un système autoritaire. Contrairement à son homologue américain, le chef de l’État chinois peut ainsi bénéficier d’une vision à long terme des intérêts de son pays. De plus, alors que les États-Unis se sont retirés de l’accord de Paris, signé en décembre 2015, destiné à lutter contre le réchauffement climatique, la Chine apparaît comme le bon élève en la matière. Xi Jinping profite des difficultés de la démocratie américaine pour souligner les avantages du régime chinois.
La montée en puissance de la Chine ne pouvait que bouleverser les équilibres mondiaux. Mais, si cette montée en puissance pose un défi au reste du monde, chacun réagit de manière individuelle. Il n’existe pas de réflexion collective. La Chine affirme le caractère « pacifique » de cette montée en puissance assumée. Mais ses revendications, notamment en mer de Chine, inquiètent ses voisins. De plus, le projet de « nouvelles routes de la soie », lancé par Xi Jinping, afin d’améliorer les infrastructures de certains pays, va permettre à la Chine d’exporter davantage ses produits et de développer ses liens politiques. Lorsqu’il a lancé ce projet phare, en 2013, le président le présentait comme « le plus important plan de développement de l’Histoire moderne ». Nul doute qu’il sera, en effet, un sujet stratégique majeur des années à venir. Les Chinois s’amusent à souligner que lorsque les Américains exportent des guerres, eux bâtissent des infrastructures sans, de plus, imposer des conditions politiques, au nom du principe de non-ingérence.
Curieusement, les États-Unis, s’ils apparaissent toujours obnubilés par la « menace russe » – dont les dépenses militaires ne représentent que 10 % des leurs et dont le PIB est six fois inférieur à celui de la Chine -, ont du mal à définir une position à l’égard du défi stratégique lancé par la constante montée en puissance de la Chine. Il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’affrontement comparable à celui qui existait auparavant entre les États-Unis et l’URSS. La Chine ne souhaite pas détruire le système existant, représenté par les États-Unis, mais en prendre la tête. Elle met en œuvre les moyens pour le faire. La question n’est plus de savoir si Pékin va économiquement dépasser Washington, mais de savoir quand cela se produira.
En réalité, les économies chinoise et américaine dépendent l’une de l’autre. La Chine nécessite l’accès au marché américain pour soutenir sa croissance (même si elle échange davantage avec l’Union européenne) et les États-Unis ont besoin des importations chinoises pour consommer plus qu’ils ne produisent. D. Trump a rapidement réalisé qu’il ne pourrait pas tenir sa promesse électorale de taxer les importations chinoises à hauteur de 45%, sauf à sanctionner l’économie américaine en relançant l’inflation, en diminuant la consommation et en réduisant la compétitivité des entreprises qui dépendent des pièces détachées venant de Chine.
Au sommet de Davos de février 2017, Xi Jinping s’est présenté comme un partisan de l’économie de marché et de la globalisation, au moment où D. Trump mentionnait des interdictions de visas pour les ressortissants de certains pays musulmans et de construire un mur à la frontière mexicaine. Ce n’est pas la Chine qui est à l’origine de la globalisation, mais elle est certainement le pays qui en a le plus profité. Dans son discours du 18 octobre 2017, Xi Jinping n’a pas hésité à affirmer publiquement les ambitions chinoises d’être un acteur majeur des affaires mondiales.