Depuis le retrait de Budapest, il ne reste plus que deux villes candidates, Los Angeles et Paris, pour recevoir les Jeux olympiques (JO) en 2024. La décision sera prise par le Comité international olympique (CIO) le 13 septembre 2017, lors de sa prochaine réunion à Lima.
Quels critères orienteront plus particulièrement le choix du CIO ? Ses membres ont des motivations différentes : un président de fédération est soucieux de développer son sport quand un président de comité national observe les retombées pour son pays. Une personnalité, quant à elle, aura ses motivations propres. La décision ne sera donc pas prise en fonction des intérêts de Paris et de Los Angeles mais bel et bien en fonction de ceux du CIO et de ses membres. Alors que le CIO, très attaché à son image, a été attaqué récemment sur ses valeurs, Paris présente des avantages sur ce terrain.
Le dossier technique est excellent. Tous les grands monuments de Paris, y compris le château de Versailles, seront utilisés pour en faire le théâtre de Jeux qui s’annoncent spectaculaires. À Rio, l’un des problèmes majeurs était lié à l’extrême lenteur des transports. Ces derniers étaient parfois responsables de tribunes vides, faute de spectateurs – voire même de membres du CIO – ayant pu arriver à temps à la compétition. À Paris, le fait que toutes les infrastructures soient accessibles rapidement par les transports en commun entre le village olympique et le centre-ville représente un argument essentiel, contrairement à Los Angeles. Avec l’agenda 2020, afficher des Jeux respectueux de l’environnement est effectivement important pour le CIO. Mais le dossier technique ne fait pas tout.
A Paris, les coûts seront également maîtrisés, dans la mesure où la plupart des grands équipements existent déjà, hormis la piscine olympique et le village. Mais ce dernier resservira ensuite aux logements dont le département 93 a énormément besoin. Ainsi, alors que le CIO se plaint des dépassements de devis observés à Londres, à Rio et actuellement à Tokyo, un budget de 6 milliards d’euros dans une enveloppe contenue est un argument de poids pour la capitale française.
Paris peut également compter sur le monde économique qui s’affiche uni pour soutenir sa candidature, de même que le monde politique, ce qui est plutôt rare à l’approche des élections présidentielles. Tous les principaux candidats ont en effet exprimé leur soutien aux JO. Ainsi, malgré leur différence de couleur politique, la maire de Paris, Mme Hidalgo, et la présidente de Paris, Mme Pécresse, travaillent main dans la main pour le succès de cette candidature. Le tandem Lapasset/Estanguet est également très efficace et reconnu par le monde olympique. De manière générale, la totalité du monde sportif français s’est mobilisé pour Paris 2024. Il est effectivement nécessaire d’afficher les sportifs au premier rang et d’avoir les acteurs politiques en soutien.
De plus, en raison des défections nombreuses (Rome, Budapest, Boston, Hambourg…), le CIO tient à avoir des candidats fiables. Or, Paris est candidate pour 2024 mais pas pour 2028, tout simplement parce que les espaces actuellement libres pour construire la piscine et le village olympique ne le seront plus en 2028. On ne peut donc pas répartir les Jeux 2024 à Los Angeles et ceux de 2028 à Paris. Écarter Paris une nouvelle fois risquerait en réalité de dissuader des futurs candidats.
Enfin, au vu de la crise des vocations pour organiser cet évènement sportif en Europe, il est temps que les Jeux reviennent sur le continent. La candidature de Paris n’est plus seulement une candidature française mais bien une candidature européenne. Or, si la capitale française était de nouveau éliminée, on pourrait craindre que d’autres villes européennes ne se portent plus candidates avant longtemps. Le CIO est conscient que l’enjeu est bel et bien européen.
Il faudra donc attendre jusqu’au 13 septembre pour connaître le choix du CIO mais Paris a des chances respectables d’être optimiste. Recevoir les Jeux ferait beaucoup de bien à une France actuellement pessimiste et en manque de confiance.
Pascal Boniface vient de publier « Je t’aimais bien tu sais : le monde et la France, le désamour ? », aux éditions Max Milo, « La géopolitique » aux éditions Eyrolles et « 50 idées reçues sur l’état du monde »‘, aux éditions Armand Colin.