L’Euro est fini pour la France, mais on peut toujours se consoler en lisant de bons bouquins sur le football et le sport. Cela permet d’attendre très tranquillement la future Ligue des nations et la Coupe du monde 2022.
Pierre Rondeau, dans son livre Fin de partie pour le foot ? aux éditions de L’aube, fait un constat amer. Le football français va mal, la bulle spéculative a éclaté. Le football français a été l’un des rares championnats européens à être arrêté l’an dernier du fait du Covid-19. Il voit un déficit d’influence des décideurs du football. Mediapro, sur lequel le football français comptait pour améliorer ses finances, s’est avéré être une catastrophe. Pierre Rondeau, qui avait publié il y a trois ans Le foot va-t-il exploser ?, n’a pas la joie mauvaise de celui qui pourrait proclamer « je vous l’avais bien dit ». Il est le premier à souffrir de la mauvaise passe dans lequel se trouve le foot français. Il plaide pour plus de régulation. Il déplore que le football soit maltraité par les pouvoirs publics et les élites et parmi les nombreux exemples, il rappelle que la taxe sur les jeux et les paris sportifs rapporte annuellement 345 millions d’euros au budget de l’État dont seulement 105 millions vont au sport du fait du plafonnement.
C’est un livre original que Guillaume Evin nous propose avec Petites histoires de domination sportive aux éditions du Rocher. Il nous explique pourquoi certains pays sont dominants dans certaines disciplines en en choisissant vingt d’entre elles. Que la Corée soit dominante en taekwondo ou le Japon en judo n’étonnera personne, quoique la France dispute au Japon sa suprématie. Chacun sait que le basketball est dominé par les États-Unis, le tennis de table par la Chine ou le rugby par la Nouvelle -Zélande, encore faut-il en connaître les ressorts et l’historique, ce que nous permet de faire Guillaume Evin de façon pertinente, documentée et ludique. Mais du water-polo en Hongrie, de la luge en Allemagne… Guillaume Evin nous livre avec une solide culture historique qui n’oublie pas d’être plaisante par des anecdotes lestement racontées, l’histoire d’une vingtaine de sports et le pourquoi et le comment du fait qu’une nation domine telle ou telle discipline.
Kevin Veyssiere a créé le blog Football Club Geopolitics, compte Twitter sur lequel il raconte les dessous de la géopolitique du football. Il a très vite trouvé son public en rassemblant en moins d’un an rassemblé quelque 30 000 abonnés. Alliant une véritable connaissance du football est une solide culture géopolitique et surtout un art de raconter qui emmène très facilement le lecteur, il nous raconte 22 histoires insolites où football et géopolitique ont été étroitement mêlés. De l’Euro de 1960 ou l’Espagne de Franco a refusé de rencontrer l’Union soviétique, ce qui a permis à cette dernière de gagner le trophée, au duel Angleterre/Écosse qui a été remis en valeur lors du dernier Euro, du match Russie Ukraine dont chacun craignait qu’il ne puisse survenir jusqu’aux exemples de pays qui cherchent à être reconnus par le football, 22 histoires plaisantes, mais qui ont un véritable sens.
Ludovic Teneze qui a soutenu sa thèse sur l’histoire des lois du jeu du football et leur évolution. Il consacre un livre à la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage). Son jugement est très critique le sous-titre le montre : « le miroir aux alouettes ». Selon lui, l’assistance vidéo à l’arbitrage prive le sport de son essence même, la beauté du geste spontané platinien. Son approche est un réquisitoire argumenté et documenté qu’il livre contre un système qui prive d’émotions les spectateurs ou du moins les troublent et selon l’auteur cherche surtout à permettre des débats sans fin dans les émissions poste match ou les talk-shows. Sera-t-il possible de revenir en arrière ? L’auteur en doute et regrette que cela soit possible.
Enfin, je signale la réédition en livre de poche de mon propre livre actualisé Géopolitique du sport chez Armand Colin (EKHO). Autant de livres plaisants et constructifs qui montrent que décidément, le sport c’est plus que du sport.
En 1997, un an avant le début de la Coupe du monde de football en France, j’avais proposé à deux éditeurs de faire un livre sur : « Football et relations internationales. » Tous deux, sans vouloir juger de façon trop catégorique ma passion coupable pour ce sport, m’avaient dit qu’ils ne voyaient pas le rapport qu’il y avait entre les deux et que je pouvais donc faire un livre soit sur l’un soit sur l’autre, mais en aucun cas sur leur relation. Je pense qu’aujourd’hui plus personne ne peut nier que le sport, c’est aussi de la géopolitique.
Cet article est également disponible sur Mediapart Le Club.