Les cinq années qui viennent de s’écouler ont été marquées par la place majeure que le conflit israélo-palestinien occupe au Proche-orient. Mais aussi, par ricochet, en France, où les répercussions du conflit n’ont pas fini de pénétrer et de lézarder le tissu social. Car la France présente la particularité d’être le premier pays juif » d’Europe, le premier pays » musulman » d’Europe, d’être un ancien empire colonial, enfin d’être assise sur un modèle unique en son genre, celui de la loi de 1905. Durant ces cinq années, la virulence des arguments, accompagnée d’une violence des comportements, a été d’un niveau rarement atteint. Antisémitisme, islamophobie, remises en cause de la laïcité, hostilité voire diabolisation de Yasser Arafat et d’Ariel Sharon, de la Palestine et d’Israël, terrorisme, montée des communautarismes, débats sur l’islamo-gauchisme et la tentation de l’extrême droite chez certains Français juifs, polémiques sur A. Finkielkraut et Dieudonné ont dessiné un nouveau paysage français. Au cur de tout cela, l’existence d’Israël et des juifs, l’identité de l’islam et les relations franco-arabes.
Intellectuels et journalistes se sont déchirés sur tous ces thèmes avec une dureté inouïe. Pascal Boniface et Elisabeth Schemla, aux positions antagonistes, ont accepté d’entamer un dialogue sans concessions, conscients l’un et l’autre qu’après le temps des coups est venu celui de l’échange. Même si leurs positions sont irréductibles en bien des points, ils croient nécessaire de s’expliquer rudement mais calmement. Pour ainsi dire, de donner l’exemple.