Mon interview du 22 avril pour Sud Ouest à retrouver ici>>>
Comment définit-on la cobelligérance ?
Il n’y a pas de définition juridique. Entre 1980 et 1984, pendant la guerre Iran-Irak, la France avait été considérée par l’Iran comrne cobelligérante pour avoir fourni des avions Super-Etendard à l’Irak. Ce qui lui avait permis de pilonner les plateformes pétrolières iraniennes.
C’est donc à l’appréciation de chacun ?
En fait, c’est celui qui le décide. Pour l’instant, tout le monde se satisfait de penser que personne n’est cobelligérant. Cela évite de se lancer dans la 3e guerre mondiale. Au début du conflit, les Alliés expliquaient envoyer des armes défensives…
Quelle différence entre armes défensives et offensives ?
La limite est floue, les armes tuent. On se réfugie derrière la fiction qui arrange tout le monde : considérer que l’envoi de matériel militaire en nombre de plus en plus important
n’est pas un signe de cobelligérance. Sinon cela signifierait que la Russie et les États-Unis seraient directement en guerre, ce que ni l’un, ni l’autre ne veulent admettre.
Pourtant ces livraisons d’armes s’intensifient…
Il y a une coopération de plus en plus forte et l’assistance militaire des pays de l’Otan pourrait s’interpréter sans trop de problèmes comme de la cobelligérance. Car il est certain que sans cette aide militaire occidentale massive, l’Ukraine aurait perdu la guerre.
Ces livraisons d’armes accroissent-elles le risque d’embrasement ?
Elles accroissent les réactions russes : ils frappent plus fort. L’envoi d’armes élargit et intensifie la guerre mais du point de vue des pays occidentaux, ces livraisons d’armes aident l’Ukraine à résister.
Peuvent-elles inverser le rapport de force ?
80 000 soldats ukrainiens ont été formés par l’Otan depuis 2014 et l’aide militaire de l’Otan remonte à loin. Si l’Ukraine n’est pas dans l’Otan, l’Otan est déjà depuis quelque temps dans l’Ukraine. Ces livraisons ont évité une plus grande conquête de territoires ukrainiens par la Russie, mais je ne suis pas sûr que cela suffise à faire reculer les troupes
russes des endroits conquis.
Recueilli par J. D. pour Sud Ouest.