La sortie de Joe Biden sur Vladimir Poutine qui ne peut rester au pouvoir a été suivie d’un rétropédalage de la Maison Blanche. S’agit-il d’une gaffe ou était-ce calculé ?
Ces propos correspondent à la conviction profonde de Joe Biden qui, depuis son arrivée au pouvoir, veut placer les droits de l’Homme au cœur de sa présidence, avec un changement de ton notable vis-à-vis de la Russie par rapport à l’ère Trump, mais aussi face à d’autre autocraties, comme par exemple l’Arabie saoudite.
Pour autant, cette sortie n’en est pas moins une gaffe vis-à-vis de ses alliés et plus généralement du monde, car affirmer comme il l’a fait que Vladimir Poutine ne peut rester au pouvoir renvoie au fiasco de la politique de changement de régime en Irak et en Afghanistan. Les États-Unis, qui souhaitent unir les démocraties face à la Russie, ne peuvent fédérer autour de cette idée. C’est pourquoi la Maison Blanche a été contrainte de faire amende honorable.
Avant même les réactions européennes, il était évident que de tels propos étaient contreproductifs. Ce n’est pas la première fois que Joe Biden commet ce genre d’impairs lors de déclarations publiques, cela lui arrive régulièrement lorsqu’il s’éloigne de ses discours et c’était même un sujet majeur d’inquiétude pour ses équipes lors de la campagne présidentielle. Donc oui, cette phrase est une gaffe qui révèle sa conviction profonde.
En quoi les réactions de l’Allemagne et de la France traduisent-elles une différence d’approche avec les États-Unis face à la Russie ?
Paris et Berlin sont certes favorable à un rapport de force avec la Russie, mais sont bien conscients qu’il est essentiel de maintenir le dialogue avec Vladimir Poutine dans l’optique d’une résolution du conflit. On peut considérer que ces pays ont une posture moins morale et plus pragmatique, alors que Joe Biden considère de son côté que la démocratie est le seul régime qui conduit un pays à la stabilité.